Depuis que le groupe Facebook a été rebaptisé Meta, le concept de « métavers » est au cœur de l’actualité. Pourtant, la plupart des personnes n’en ont qu’une vague connaissance. Cet article répond aux principales interrogations concernant l’origine, le fonctionnement, et les applications de cette technologie, notamment à la question « le Métavers, c’est quoi ? ».
Suite au changement de dénomination de Facebook en Meta, le terme “Metaverse” a suscité un engouement soudain, sans que personne ne sache réellement de quoi il s’agit. En vérité, il y a eu de nombreuses spéculations pendant longtemps sur la métamorphose d’Internet et des nouvelles technologies de l’information et de la communication. On fait souvent référence au Web 1, Web 2 ou Web 3 pour désigner les différentes étapes dans l’évolution d’Internet, mais aujourd’hui on parle du métavers.
Mettons de côté les définitions pour plonger dans les méandres de notre imagination : projetez-vous dans un monde virtuel en tant que votre alter ego parfait que vous avez créé et dont vous avez le contrôle de tous ses aspects. Vous pouvez faire tout ce dont vous avez envie, vous jouissez de possibilités presque infinies. Entre jeu, rencontres et apprentissage, vous ne vous ennuierez pas avant longtemps !
Vous conviendrez avoir vu un tel scénario dans certaines séries ou films de science-fiction comme Ready Player One ? Pourtant une telle situation pourrait bientôt se muer en réalité, parce que le monde des finances est en pleine effervescence pour réunir toutes les conditions (strates, technologies et protocoles) de sorte à créer le “Metaverse”.
Le Métavers, c’est quoi oui, mais d’où vient ce concept ?
Comme de nombreuses innovations technologiques, l’idée du métavers est née dans le monde de la science-fiction. Il faut remonter à 1992 pour voir le terme apparaître pour la première fois dans le roman de l’écrivain américain Neal Stephenson intitulé « Le Samouraï virtuel ». Toutefois, dès les années 1980, le genre cyberpunk a commencé à promouvoir le principe d’une fusion et d’interaction entre la réalité et les univers virtuels en 3D. Une première réponse donc à la question « le Métavers, c’est quoi ? ».
Le Métavers, c’est quoi : tentative de définition
Si tout le monde parle de métavers, il est encore impossible aujourd’hui d’obtenir une réponse précise à l’interrogation « que signifie métavers ? ». Les grands patrons des leaders du numérique eux-mêmes poursuivent leurs investissements afin de développer des métavers et préciser les contours de ce qui en est aujourd’hui toujours au stade de construction mentale.
Les efforts réalisés jusqu’ici ont néanmoins permis d’identifier certaines de ses caractéristiques, permettant de la distinguer d’internet et de certaines technologies en plein essor comme la réalité virtuelle (VR), la réalité augmentée (AR) ou la réalité étendue.
- Le métavers n’appartient à aucune entreprise, l’infrastructure technique est collective.
- Des utilisateurs représentés par des avatars évoluent librement dans des univers 3D reproduits en temps réel. Ils peuvent s’adonner à toutes sortes d’activités (communiquer, travailler, jouer, nouer des liens sociaux, etc.) et créer en parallèle sur différents appareils et systèmes des univers virtuels ouverts à d’autres personnes.
- Les interactions sont permises par des outils de réalité étendue et de réalité mélangée : intelligence artificielle, lunettes ou casques de VR, assistants numériques, machine learning, interfaces vocales, réseaux de neurones artificiels, puces neuronales, etc.
- Des monnaies numériques et réelles sont acceptées, favorisant l’existence d’une économie unique.
- Le fonctionnement de tous ces mondes virtuels et physiques requiert une législation cohérente et une certaine interopérabilité, qui implique la compatibilité des normes techniques et des protocoles.
Le Métavers, c’est quoi : son fonctionnement
Le métavers se présente comme un monde virtuel intégralement conçu par des logiciels et des algorithmes. Les créateurs peuvent soit reproduire un espace inspiré de la vie réelle soit fabriquer de toutes pièces un univers fantaisiste. À la manière d’un jeu vidéo multijoueur massif en ligne, les utilisateurs évoluant dans ce monde ont la possibilité d’interagir les uns avec les autres comme dans la vraie vie.
Chaque terrain virtuel, désigné par « Land », est découpé en plusieurs parcelles qui peuvent être vendues ou échangées à des entreprises ou des particuliers, les transactions étant financées par des cryptomonnaies. Les entreprises désireuses de s’installer dans un land doivent en acquérir une des parcelles après du concepteur du métavers. La régulation et la sécurité des espaces sont assurées par les technologies de la blockchain, à l’origine des monnaies numériques.
Les champs d’application du métavers
Des applications du métavers existent déjà, tandis que d’autres sont encore au stade de projet.
- L’amélioration de la collaboration dans le monde du travail avec des réunions en espace VR à l’aide d’avatars numériques pour reproduire au moins partiellement l’expérience de la vie au bureau.
- L’enseignement, pour permettre aux étudiants de suivre les cours à distance comme s’ils se trouvaient sur le campus.
- Le divertissement, au travers des jeux multijoueurs, des concerts, des grandes rencontres sportives, etc.
- Les relations sociales, pour passer du temps avec ses proches dans les espaces numériques de manière plus authentique que via les outils actuels.
Le Métavers, c’est quoi et sur quelles technologies repose-t-il ?
La puissance de plusieurs technologies est exploitée pour permettre ces nouvelles expériences en ligne :
- La réalité virtuelle (VR) comme les casques, les lunettes pour l’immersion dans le monde virtuel.
- La réalité augmentée (AR), qui intègre des éléments visuels à l’environnement réel afin de relier les deux mondes.
- La modélisation 3D des éléments du milieu réel afin de renforcer le côté réaliste et physique dans les espaces numériques.
- L’Internet des Objets, en connectant les appareils domestiques à internet, pourrait notamment améliorer la sécurité des utilisateurs de métavers dans leur environnement réel en envoyant des alertes.
- La blockchain, qui s’apparente à une base de données décentralisée où les données enregistrées sont difficilement modifiables ou supprimables. Ce système pourrait ainsi garantir le droit de propriété d’un bien dans le métavers.
Le Métavers et les entreprises qui ont investi dans cet « univers »
Meta (ex-Facebook) est certainement l’un des acteurs ayant réalisé les plus gros investissements dans le métavers. Le groupe a ainsi embauché quelque 10 000 « métamates » supplémentaires pour poursuivre la création de son méta-univers. Après les 50 millions de dollars injectés dans le basculement vers la réalité virtuelle, Meta a déboursé 10 milliards de dollars pour l’achat de technologies de VR. D’autres investissements dans les technologies de réalité augmentée, à l’instar de la reprise d’Oculus, sont au programme dans le but d’accroître ses capacités dans le monde virtuel.
Microsoft affiche également une avance confortable dans le domaine du métavers, avec la récente conclusion d’un accord pour le rachat d’Activision Blizzard. La firme de Redmond est également engagée dans l’essor de l’holoportation. Cette technologie de communication par hologramme utilise la capture 3D pour reconstruire, compresser et partager des modèles 3D d’individus en haute définition, dans l’ensemble du monde en temps réel. Ainsi, les utilisateurs peuvent se « téléporter » dans le monde virtuel au moyen de leur propre version photoréaliste via plutôt qu’en créant un avatar.
NVIDIA ambitionne pour sa part de créer un « clone numérique de notre monde » appelé Omniverse et dédié aux médias et au divertissement, en se focalisant sur la collaboration et la conception de contenus variés. Des jumeaux numériques reflétant fidèlement la réalité devraient ainsi révolutionner les flux de travail 3D dans les entreprises.
Enfin, Nike a pris le contrôle du studio de conception numérique de sneakers RTFKT, né en 2020 et spécialisé dans la conception de baskets virtuelles. L’équipementier sportif a par ailleurs ouvert une boutique virtuelle baptisée Nikeland dans le métavers de Roblox pour y commercialiser des modèles de baskets virtuelles de sa marque à des prix dépassant la centaine de milliers de dollars. Fort de son succès, avec plus de 7 millions de visiteurs de plus de 200 pays, Nike planche déjà sur le lancement prochain d’une gamme de vêtements.
Les jeux métavers
Il n’y a pas pour le moment d’exemple concret de métavers. Toutefois, certaines entreprises, en particulier des studios de jeux, prétendent avoir conçu un métavers.
Meta Horizon Worlds
Facebook a créé un environnement virtuel d’une salle de réunion à laquelle on ne peut qu’y accéder avec des casques de réalité virtuelle estampillé VR Oculus, qui est en fait la propriété de l’entreprise Horizon Worlds. Il donne la possibilité aux participants d’interagir avec des pairs à travers leurs propres avatars. Mais ce projet devrait servir à l’avenir, de point de départ pour promouvoir d’autres offres de Meta et d’Oculus.
Microsoft Mesh Platform
Microsoft n’est pas en reste dans cette compétition et se lance aussi dans le domaine de la réalité mixte et étendue (XR). À ce titre, la firme essaie cette année d’intégrer dans Teams des éléments de réalité mixte. L’objectif est de permettre aux hologrammes et autres avatars de participer à des événements, d’être présents lors de réunions et même à l’avenir de servir de sujets pour expérimenter la vente au détail et de jeux.
Roblox
Roblox a la particularité de s’être fait connaître comme une plateforme de jeux à travers laquelle vous pouvez en tant qu’utilisateur créer vos propres jeux et partager l’accès de ceux-ci à d’autres personnes. Suite à son introduction en bourse, la firme met tout en œuvre pour créer son propre métavers. Le partenariat avec des marques comme Gucci et Vans, permet à l’entreprise de proposer des accessoires à acquérir pour votre moi virtuel.
Minecraft
Avec la bagatelle de plus de 140 millions d’utilisateurs à son actif qui jouent régulièrement à Minecraft, ce jeu de type Lego connaît un franc succès. Rachetée à Microsoft, le principe du jeu est de créer son personnage avec une panoplie de mondes virtuels illimités, des actifs numériques et bien d’autres choses encore…
Second Life
Créé en 2003, ce concept était déjà pionnier dans l’espace de la réalité virtuelle. Il permettait au joueur de créer sa propre identité dans un monde virtuel. Après plusieurs années d’intense développement, Second Life possède ses actifs numériques, ses propres places de marché et plus encore…
Le Métavers : l’avenir ?
On peut le dire sans se tromper que le métavers est le prolongement d’Internet. Des premiers pas où on pouvait seulement lire des informations à l’ère des réseaux sociaux et de l’économie participative, sans oublier l’immersion dans notre propre monde de la réalité virtuelle. Internet a une orientation pourtant claire : nous serons amenés à voir apparaître des mondes virtuels dans lesquels nous serons immergés.
Dans notre société contemporaine, nous avons encore plusieurs défis à résoudre, parce que l’économie numérique, l’interaction sociale et l’illusion que suscitent des mondes virtuels parfaits ont, qu’on le veuille ou non, des répercussions sur notre quotidien.
L’évolution des métavers n’en est encore qu’à ses balbutiements, mais avec les milliards investis, l’impulsion des développements, et l’accélération qu’à occasionné le COVID, il va bientôt occuper une place déterminante dans nos vies. Bill Gates prédit que dans quelques années, la plupart des réunions et travaux se feront dans les métavers, en lieu et place des salles de réunion conventionnelles ou des voyages d’affaires.
Nous verrons lequel des métavers va se positionner en tant que leader et prendre le dessus pour mettre en place l’effet tant attendu de réseau. Quelle que soit l’issue, le métavers est en passe d’ être le plus grand modèle d’un écosystème numérique.